Impact des plans d’eau sur les eaux courantes superficielles
La création d’un plan d’eau peut avoir un impact sur le milieu naturel, notamment sur la ressource en eau, les milieux aquatiques ou les milieux humides, mais elle peut également présenter des dangers en terme de sécurité et de salubrité publiques. Aussi, cet acte est soumis à autorisation du maire par le Règlement Sanitaire Départemental et le code de l’environnement prévoit un dispositif d’autorisation/déclaration en fonction de certains critères : la surface d’eau, le mode d’alimentation, les rejets, etc.
Les procédures d’autorisation ou de déclaration, définies par les articles R. 214-1 à R. 214-56 du code de l’environnement, imposent l’élaboration d’un document d’incidence, qui s’attache à montrer l’impact du futur plan d’eau sur la ressource en eau, le milieu aquatique et piscicole, l’écoulement et la qualité des eaux. En fonction des impacts, des mesures compensatoires ou correctrices doivent être proposées pour pallier aux inconvénients du projet.
La présente note mentionne l’impact que peuvent avoir les plans d’eau sur l’environnement et tout particulièrement sur les eaux superficielles avec lesquelles ils sont en contact
Aspect hydrologique

En général, les pertes par évaporation sont plus importantes pour un plan d’eau que pour un cours d’eau. Ainsi, le débit restitué est le plus souvent
inférieur au débit prélevé dans le cours d’eau. Les conséquences en sont les suivantes :
- Diminution de la surface mouillée à l’aval et donc perte de productivité piscicole du cours d’eau
- Sensibilité accrue aux variations thermiques et aux pollutions
- Réduction de la capacité d’auto-épuration
Qualité physico-chimique
1) Température
Un plan d’eau a pour conséquences :
- Un refroidissement hivernal. La durée d’embryonnement et d’incubation des œufs de truite augmente et donc le temps d’exposition à des nuisances telles que le parasitisme, la prédation, le colmatage ou l’augmentation de l’asphyxie.
- Un réchauffement estival. Il est plus important pour de petits plans d’eau. Ses conséquences sont : diminution de la teneur en oxygène dissous, au détriment des salmonidés et des invertébrés qui dérivent vers l’aval,
- Remplacement d’une population salmonicole (1ère catégorie piscicole) par une population cyprinicole (2ème catégorie piscicole),
- Remplacement des invertébrés benthiques sténothermes (nourriture de choix des salmonidés) par d’autres organismes moins intéressants,
- Modification des fonctions vitales des organismes aquatiques, notamment respiratoires (diminution de l’aptitude au sang de s’oxygéner), possibilités de nage, ...
- Développement des végétaux aquatiques,
- Augmentation de la densité phytoplanctonique au détriment d’autres végétaux tels les macrophytes immergés et des espèces piscicoles par l’élaboration de substances toxiques,
- Pollution des eaux, notamment par augmentation de la concentration en ammoniac toxique pour la faune aquatique,
- Augmentation des maladies et parasites,
- Mortalité des embryons des salmonidés, augmentation du besoin en oxygène des œufs de poisson,
- Diminution de l’activité alimentaire des salmonidés entraînant une diminution de la taille des individus.
2) Oxygène dissous

Un plan d’eau a pour conséquence une diminution de la teneur en oxygène dissous. L’importance de la végétation aquatique entraîne de fortes variations journalières de cette teneur ce qui peut provoquer des mortalités piscicoles.
3) Demande en oxygène
Un plan d’eau entraîne une augmentation de la Demande Biologique en Oxygène (DB05) et donc une dégradation du milieu ainsi qu’une mortalité piscicole
4) Substances nutritives / Azote et phosphore
Un plan d’eau est un piège à sédiments. Cependant, lors des périodes de vidange, il y a un risque de relargage de ces matières.
Hydrobiologie
Un plan d’eau en barrage ou en dérivation contribue généralement à modifier l’écoulement et la qualité physico-chimique du cours d’eau, ce qui entraîne des effets directs ou indirects sur l’édifice biologique en interdépendance, dont les salmonidés sont un cas particulier. Ces effets sont les suivants :
- Remplacement de la biocénose initiale, souvent sensible à l’altération des eaux, par une nouvelle biocénose adaptée aux nouvelles conditions et donc beaucoup moins sensible. Ceci concerne la faune et la flore piscicoles. Les causes en sont l’accumulation de charges de pollution, le ralentissement des eaux favorisant la sédimentation des vases et la banalisation du milieu et la fuite d’espèces, notamment
des alevins, au travers des grilles des plans d’eau, espèces pouvant être indésirables, nuisibles, interdites ou allochtones.
- Réduction de la diversité faunistique inhérente à la banalisation de l’habitat, au surcroît de charge de pollution et aux nouvelles conditions thermiques.
- Diminution des biomasses invertébrée et piscicole.
- Entrave à la reproduction des poissons par colmatage des frayères et par décalage des périodes, dû aux nouvelles conditions thermiques, ce qui expose les alevins à des handicaps.
- Limitation du développement du poisson qui doit se contenter de la nourriture disponible.
- Accroissement de la vulnérabilité des espèces aux maladies, parasites, phénomènes de pollution, ...
- En cas de plan d’eau en barrage, entrave à la circulation des poissons, qui ne peuvent plus rejoindre les frayères.
Opérations de vidange
Les opérations de vidange ont pour conséquences :
- Une dégradation de la qualité physico-chimique du cours d’eau, notamment une augmentation de la température et des concentrations de matières en suspension et en ammonium, mais également une diminution de la teneur en oxygène dissous. Les fortes concentrations de matières en suspension ont pour conséquence le colmatage des frayères, c’est pourquoi les vidanges sont interdites pendant la période du 1er novembre au 31 mars, qui correspond aux périodes de frai de la truite.
- Un risque d’introduction dans le cours d’eau d’espèces piscicoles indésirables. Tous les poissons doivent donc être récupérés et ceux appartenant aux espèces dont l’introduction est interdite doivent être éliminés.
Ensuite, la remise en eau ne doit pas aggraver la période d’étiage, aussi elle ne doit pas avoir lieu dans la période allant du 15 juin au 30 septembre. Elle doit se produire de manière à toujours maintenir un débit minimal permettant la vie, la circulation et la reproduction des poissons.
Problèmes socio-économiques
Les plans d’eau peuvent être sources de conflits de par les problèmes suivants :
- Enlaidissement des sites et paysages
- Concurrence entre la pêche privée en étang et la pêche réglementée en eau libre
- Problèmes halieutiques inhérents à l’évolution du peuplement piscicole ne correspondant plus à la classification du cours d’eau
- Compromission des usages de l’eau à l’aval
- Dégradation sans contrepartie des cours d’eau, décourageant l’effort d’entretien des associations de pêche
- Spéculation foncière
- Morcellement des parcelles agricoles posant des problèmes d’accès aux propriétés voisines ou au cours d’eau
Conclusion
Un plan d’eau se révèle donc être de nature à contribuer à la modification de la qualité physico-chimique et biologique des eaux courantes qu’il barre ou dérive en partie, notamment les petits cours d’eau de première catégorie piscicole.

La création de nouveaux plans d’eau doit donc se produire dans un cadre réglementé prenant en compte la préservation du milieu naturel et les intérêts des différents usagers de la ressource en eau.
Compte tenu de l’impact du plan d’eau, la création de celui-ci est autorisée, assortie de prescriptions permettant de limiter les conséquences sur le milieu naturel. Ainsi vous trouverez les formulaires administratifs à compléter et à retourner.
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